Et l’éducation, bordel ?

© UFD

Débordée. Stop. Enfants intenables. Stop. Totalement HS. Stop. Sais pas ce qu’on couve. Stop. Tentative de retour à la civilisation hier. Stop.

Et vous savez ce que m’a sorti une nounou au parc ?

Qu’elle n’avait pas le droit de punir les enfants qu’elle gardait même s’ils sautaient en skate par-dessus la table en verre du salon. Elle se devait de les éduquer, aux dires de la maman qui l’emploie.

« Mon mari et moi travaillons énormément. Nous voyons trop peu nos enfants le soir pour avoir envie d’être sévères. »

J’ai failli éclater de rire (nerveusement) mais je me suis retenue devant l’air totalement désemparé de la nounou.

Ces derniers jours, je n’en étais plus à éduquer. Juste à m’époumoner pour me faire entendre – un peu brutalement, il est vrai – par deux zigottos de 2, 40m (oui, j’ai eu envie de les coller bout à bout et de m’en servir pour bloquer les courants d’air le long du mur) qui n’arrêtaient pas de se crier dessus.

M’enfin… Entre sévérité et éducation, il y a une marge, non ?

Sur ce, je m’excuse de vous avoir laissées sans nouvelles ces derniers jours.  Comment se déroulent les vacances scolaires de par chez vous ?

L’enfant-individu, l’enfant-adulte

L'enfant sauvage - François Truffaut - 1970

Certains jours, j’ai l’impression que Miette et Septpommes sont sept ou huit à courir derrière mon dos et presque autant à piailler dans la maison. Deux enfants déchaînés, ça fait nombre. 😉

Un peu trop livrés à eux-mêmes parce que je suis absorbée par différents écrits et quelques recherches, ils s’inventent des mondes depuis une semaine. Chacun se murmure à lui-même des histoires le matin avant de rejoindre l’autre pour des aventures périlleuses par-dessus, dessous les lits superposés.

Tout ceci serait très joli s’il n’y avait pas à la fin des cris, des larmes, des coups de pieds, des bassines renversées.

Enfant, j’exécrais la discipline, les devoirs. Quand j’atterrissais chez mes grands-parents, je savais que j’allais jouir d’une telle liberté d’action que toutes les aventures allaient m’être possibles. On pouvait m’appeler quinze fois pour passer à table, je ne sortais pas facilement de mes personnages. Je finissais mes plats avec mes doigts, sautais partout, courais du matin au soir dans des jeux plus ou moins inédits. C’était le paradis.

Naïvement, j’ai cru que Septpommes et Miette apprécieraient une liberté semblable pendant que je travaillais, une liberté de « presque » grand, mais mes enfants n’aiment pas.

Sans rire.

Ce qu’ils aiment, selon leurs dires après une grosse de nos disputes, c’est que je m’occupe d’eux, que je contrôle leurs activités, pas que je les laisse faire ce qu’ils veulent tout le temps car ils finissent toujours par faire des bêtises et se sentir abandonnés.

Sans rire (bis).

N’ont-ils pas pour autant besoin de liberté ? Si. Mais de liberté surveillée. Surveillée tendrement.

Miette vous expliquerait certainement ceci mieux que moi tant elle m’a fait un long discours après avoir versé de grosses larmes de crocodile joufflu.

Il fut un temps où je déplorais le fait que trop peu d’adultes considéraient les enfants comme des individus, et ce dès les premiers mois de leur vie. Puis, j’ai rencontré une nouvelle vague de parents. La quarantaine non assumée, le portable greffé à l’oreille,  ces parents « djeuns » jamais dispo n’avaient aucun scrupule à laisser leurs enfants à peine âgés de 5 ou 6 ans  livrés à eux-mêmes car, à défaut de les traiter comme des adultes, ils les considéraient déjà comme des ados. Et les ados savent très bien occuper leur temps loin de leurs parents, n’est-ce pas ? 😉

Je n’ai pas fait mieux la semaine dernière.

Je trouve insolents ces enfants grandis trop vite qui peuplent la cour de Septpommes alors qu’ils n’ont au fond que 7 ans. J’ai un mal de chien à supporter leur ton, leurs regards. Pourtant, sous leurs vêtements dernier cri, leurs jeux high-tech, leur maturité apparente, il me semble que le petit enfant en eux est toujours en quête de sécurité, d’approbation, d’écoute, de guide, de besoins simples.

Pas forcément de grande liberté.

Combien de fois, finalement, en voulant traiter nos enfants en individus, ne finit-on pas par les traiter en adultes ?

Les pères et leurs choix

Je n’ai pas trouvé mieux comme titre au réveil. Avec Lulu qui essaie de m’enfoncer absolument son biscuit dans mon nombril, j’ai bien du mal à me concentrer. Depuis quelques jours, elle suit avec grand intérêt toutes les lignes de de mon corps, allant jusqu’à mordre dans les courbes les plus généreuses, soulevant mon t-shirt à grand renfort de cris (peut-être qu’elle tente de me dire « Maman, va mollo sur le saucisson ! »), tordant mes orteils…

Comment voulez-vous que j’écrive dans ces conditions ? 😉

Aujourd’hui, de toute façon, je n’ai pas beaucoup de temps. Je me suis levée ce matin sur un drôle de rêve. Je rêvais d’un de mes frères qui pleurait et j’ai soudain eu l’envie folle de l’appeler et rendre hommage aux hommes qui font des choix.

Ici, je parle des femmes, des femmes, des femmes – encore des femmes – de nos vies, de nos choix, de nos combats mais, aujourd’hui, j’aimerais aussi dire bravo à tous ceux qui assument des vies de père pas toujours évidentes, ceux qui décident un jour d’aimer l’enfant qu’un autre homme n’a pas assumé pour finir par s’entendre dire « lâche-moi avec tes maths de merde. T’es même pas mon père ! », ceux qui se retrouvent du jour en lendemain sans leur premier enfant dans les bras parce que la maman voulait juste faire un bébé toute seule, ceux qui s’asseyent sur leur carrière pour devenir papa au foyer parce qu’ils sentent bien que leur épouse ne s’épanouit plus auprès du bébé, ceux qui s’engoncent dans le premier emploi alimentaire venu pour subvenir aux besoins de leurs petits et voient leurs rêves professionnels s’échapper au fur et à mesure du temps…

A tous ces pères, j’ai envie de dire merci d’être ce qu’ils sont ce matin. Et courage !

Se découvrir amants et parents en même temps

© Universal Pictures

Aujourd’hui, je viens vous parler de ce type hirsute que j’ai épousé quand on s’est rendu compte qu’un câlin entre deux portes allait sceller nos vies pour l’éternité. Nous étions émus, ravis, re-émus et boostés par un positivisme dingue, persuadés que nous allions former une famille exceptionnelle (je me demande si ce n’est pas un peu ce que chacun se dit en imaginant sa future famille ;-)) et braver ensemble toutes les épreuves les doigts dans le nez.

Pour autant, Sergent et moi, ne nous connaissions pas très bien et n’avions pas particulièrement prévu de vivre une relation à long terme.

Et puis… (1)

Et puis… (2)

Et puis… (3)

Et puis, parfois, j’ai envie de l’envoyer loin, loin, faire un tour pour voir si j’y suis aussi le temps de respirer un peu car un nouveau bébé, ça fatigue le couple. Et ça le fatigue tellement qu’on se chamaillerait pour un rien certains jours.

Une copine qui rencontre quelques difficultés de couple ces temps-ci m’a dit le mois dernier « avant, quand on n’avait pas d’enfant, c’était mieux entre lui et moi » et j’allais rétorquer que c’était pareil chez nous sauf que… avant, ce fameux Avant, n’a vraiment pas duré longtemps.

Comment pourrais-je savoir si c’était mieux avant avec Sergent ? Nous nous sommes découverts amants en même temps que nous nous sommes découverts parents.

Mon amie a rétorqué en éclatant de rire que c’était la même chose pour elle. Elle n’avait connu son compagnon que 5 mois avant la conception de leur fils aîné et, toutes à nos confidences, nous sommes entrées en conversation avec une maman qui avait vécu 4 ans en couple avec son conjoint avant de se lancer dans la grande aventure de la parentalité.

Est-ce pour autant  mieux chez elle ? Nan… mais c’est moins brouillon 😉

Sa famille s’est construite sur les bases d’un couple solidement installé. Chez moi comme chez mon amie, il n’y avait aucune autre fondation que l’optimisme et un certain mépris des conventions. Le couple s’est construit en même temps que la famille, sur le tas.

Sergent et moi, avant de concevoir Septpommes, savions de nous deux que nous étions prêts à nous battre pour savoir qui ouvrirait le tube de concentré de tomates le premier (un rituel que chacun pensait être le seul à observer depuis l’enfance), que nous étions capables de faire le tour d’une place bondée en plein été pour trouver le seul bar dans lequel le serveur acceptait de faire des chocolats chauds sous 35° à l’ombre, que j’écrivais des histoires avec des elfes et des formules magiques et que lui en lisait, qu’on pouvait chacun avaler des litres de soupes aux légumes en hiver avant de nous coucher, qu’on adorait rire devant les mêmes séries de télé, qu’on parlait tout seul à voix haute, qu’on passait parfois pour un tantinet autiste, qu’on restait régulièrement en contact avec l’enfant qu’on était quelques décennies plus tôt  et que notre animal totem était l’ours.

Voilà pour la base.

Depuis que j’ai eu l’idée saugrenue de réfléchir à mon couple en comparaison avec celui de Mr & Mrs Perfect, j’ai lu, lu et relu sur le couple ces dernières semaines et j’en sors riche de toutes nouvelles certitudes que je m’empresse de partager avec vous:

– les points communs cités ci-dessus suffisent amplement comme base à une vie de famille pas trop bancale,

– les livres sur les couples sont extraordinairement répétitifs,

– le sommeil cimente à nouveau le couple une fois que bébé fait ses nuits

– et les livres sur les couples n’en parlent même pas. 😉

(ils ne parlent pas non plus de l’importance du tube de concentré de tomates dans la construction du couple. Pfff….)

Vous avez eu l’impression, vous, d’avoir le temps de construire une base stable pour votre couple avant de faire des enfants ?

Quelle place tiennent les grands-parents dans votre vie ?

Qui a osé se peser ce matin ? Pas moi. J’ai vaguement jeté un oeil à ma balance mais ce n’est pas aujourd’hui que je vais la dépoussiérer. J’ai encore quelques oeufs à gober avant de tenter l’aventure. Dont un gros, offert par belle-maman hier. Les enfants ont apprécié ses attentions et de l’avoir revue, d’avoir jugé de son état, je suis contente de me dire qu’ils vont encore avoir du temps à passer avec elle.

A la fin de la semaine, ma petite mémé fêtera son anniversaire dans sa maison de retraite. J’ai une carte, j’ai un stylo, je n’ai plus qu’à mettre des mots sur les blancs. Depuis quelques temps, j’ai décidé de lui raconter nos souvenirs. Nos souvenirs communs, rien qu’à nous. J’ai espoir qu’un mot, une anecdote ravivent sa mémoire. Sinon, ils l’amuseront. Car des souvenirs heureux nous en avons à la pelle.

Ils sont si nombreux et si pittoresques que Miette et Septpommes en redemandent au même titre que leurs histoires du soir. J’aimerais me dire qu’ils auront des histoires de la sorte à raconter quand ils seront adultes mais les temps changent. Les grands-parents nouveaux s’installent loin sur les bords de mer, les autres souffrent de problèmes de santé. Les mamans nouvelles qui se sont plaintes de l’absence de la leur veulent aujourd’hui être des mamans présentes au quotidien (je parle de moi, bien entendu ;-)). Et quand elles ne le sont pas (je parle encore de moi ;-)) certains mercredis, elles envoient leurs enfants jouer chez des copains ou apprendre la poterie.

Enfant, quand j’allais jouer des copines, j’étais épatée par leurs loisirs, leurs moulages, leurs créations artistiques, leurs instruments de musique. Moi, le mercredi, je restais chez mes grands-parents. Quand je leur avais bien cassé les pieds, je me tournais vers mes arrière-grands-parents. Mon arrière-grand-père, malgré son grand âge, s’amusait avec moi. Il me faisait défiler dans le jardin. J’étais tantôt princesse, tantôt mariée, tantôt super-héroïne. Je trouvais que c’était chouette mais je ne mesurais pas, en fait, toute la chance que j’avais.

Aujourd’hui, dire « je passe mon mercredi à jouer avec mon arrière-grand-père » plutôt que de participer à un atelier poterie me semble un luxe, un cadeau de la vie.

Quelle place tiennent les grands-parents dans la vie de vos enfants ? Et dans la vôtre ?